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Les saints
n°320

Italie

1656-1728

Rosa Venerini ou la parfaite volonté de Dieu

Toute petite, Rosa Venerini se sent appelée à servir Dieu dans la vie religieuse, mais elle peine à trouver une congrégation correspondant à sa vocation. Alors qu’elle va se résigner, sans joie, à rejoindre sa tante dans la communauté dominicaine de sa ville de Viterbe, la mort de son père et le mauvais état de santé de sa mère et de son frère l’arrachent au couvent. Elle accepte ce qui lui semble une volonté divine et se voue à prendre soin de ses proches malades. Puis elle attend, patiente et confiante, que Dieu lui manifeste ce qu’il veut d’elle. La révélation de son appel particulier et sa mise en œuvre seront semées d’embûches et de revers, mais Rosa ne doute ni ne craint jamais, dans un parfait abandon au bon vouloir du Ciel, qu’elle rejoint le 7 mai 1728 après avoir accompli sa mission ici-bas.

© Shutterstock, Roman Zaiets.
© Shutterstock, Roman Zaiets.

Les raisons d'y croire :

  • Dotée d’une grande intelligence et d’une soif de savoir, Rosa reçoit une très bonne instruction, ce qui fait d’elle un cas singulier parmi les femmes dans l’Italie du XVIIe siècle.
  • Le choix de la vie consacrée ne devrait pas aller de soi ni lui inspirer de goût. Elle le fait pourtant très jeune et n’en démordra plus en dépit de nombreuses épreuves et difficultés, démontrant que son choix est bien inspiré d’en haut.
  • Elle a sept ans quand elle fait secrètement vœu de se consacrer à Dieu. Cet engagement enfantin pourrait être tenu pour nul et non avenu, sans faute de sa part. D’ailleurs, à l’adolescence, elle éprouve une extrême répugnance à l’idée d’entrer en religion. Mais Rosa choisit d’y rester fidèle coûte que coûte. C’est qu’elle a l’intime conviction d’accomplir ainsi la volonté de Dieu et, malgré son jeune âge, c’est déjà tout ce qui importe pour elle.
  • Elle décide, en 1676, de rejoindre l’une de ses tantes chez les dominicaines du couvent Santa Caterina de Viterbe. Elle s’aperçoit vite que cette spiritualité et ce mode de vie ne sont pas pour elle, mais elle a l’intelligence de faire de cette expérience un temps d’apprentissage en vue d’un autre avenir, qu’elle ne distingue pas encore. Que la déception de n’avoir pas trouvé dans le cloître ce qu’elle espérait ne l’ait pas poussé à renoncer à la vie religieuse est une autre preuve de la solidité d’une vocation véritablement dictée par Dieu, et non par un caprice personnel.
  • Au début des années 1680, plusieurs épreuves familiales l’obligent à quitter Santa Caterina. Pourtant, même si Rosa se consacre exclusivement à ses proches, elle conserve l’intime conviction que Dieu lui fera signe tôt ou tard, et elle s’en remet entièrement à lui en ce qui concerne son avenir.
  • Ainsi approfondit-elle ce qui deviendra sa voie mystique personnelle, ce que l’Église nomme le « saint abandon » – renoncement total à sa volonté propre et confiance absolue en la Providence.
  • Plus tard, elle dira : « Je suis tellement plongée dans la volonté divine qu’il ne m’importe ni de la vie ni de la mort. Je veux vivre quand Dieu le veut et le servir puisque cela lui plaît. Rien de plus. » Ce programme de renoncement et de dépouillement de soi est l’un des plus difficiles à mettre en œuvre et démontre, même si cela n’est accompagné d’aucun phénomène extraordinaire, la très profonde union de Rosa à Dieu.

  • Afin de s’occuper, puisqu’elle ne reçoit, croit-elle, toujours aucun signe lui montrant sa voie, Rosa prend l’initiative de réunir chaque jour les femmes du voisinage et leurs enfants afin de dire le rosaire ensemble et de leur dispenser un cours d’instruction religieuse. Elle comprend que sa voie est là : fonder des écoles publiques, chrétiennes et gratuites, pour les filles, et les éduquer afin, par leur intermédiaire, de réformer la société. Elle démontre ainsi sa capacité à interpréter les signes que Dieu lui envoie et à leur obéir.
  • Avec l’appui de son évêque, Rosa ouvre la première école publique pour filles jamais fondée en Italie. En peu de temps, elle se met à dos non seulement la bonne société, qui lui reproche de la priver de domestiques et de prostituées, mais aussi le clergé qui ne tolère pas qu’une laïque le concurrence en matière d’éducation et de catéchèse. Les obstacles sont tels qu’une autre aurait renoncé, découragée. Rosa s’accroche, certaine d’accomplir la volonté divine.
  • En 1706, Rosa pense que le moment est venu de s’installer à Rome avec ses institutrices. Mais ce qui aurait dû être l’apogée de son œuvre se solde d’abord par un échec cuisant, qui fait d’elle la risée de la Ville et aurait dû, alors qu’elle est menacée de sombrer dans le ridicule, l’amener à renoncer, sinon à toute son œuvre, du moins à ce projet. Toujours fidèle à sa politique d’abandon à Dieu, Rosa s’obstine, et la fondation est finalement couronnée de succès.
  • Le mystère de cette réussite improbable tient tout entier dans la vie de prière de Rosa, chaque jour retrempée par l’oraison et l’eucharistie.
  • Quand elle meurt à Rome, le 7 mai 1728, elle laisse plus de quarante établissements scolaires en Italie. Ses filles essaimeront dans le monde entier, au rythme de l’émigration italienne des XIXe et XXe siècles.
  • Rosa Venerini a été canonisée par Jean-Paul II en 2006. L’Église a ainsi reconnu officiellement la validité de cette voie toute particulière du parfait abandon à la volonté de Dieu.

Synthèse :

Née à Viterbe le 9 février 1656, fille de médecin, Rosa Venerini manifeste précocement une vive piété et une grande intelligence – qualités que ses parents sauront cultiver, ne bridant pas sa soif de savoir sous prétexte qu’elle est une fille. Ses capacités intellectuelles et son niveau d’études vont cependant la handicaper, tant dans la vie sociale que dans sa recherche d’une communauté religieuse conforme à ses goûts, car il est peu fréquent à cette époque en Italie d’apprécier l’instruction féminine.

Elle comprend peu à peu que l’absence d’instruction intellectuelle, morale et spirituelle des filles est l’une des causes de leur asservissement à de mauvais maîtres ou de mauvais maris, de leur immoralité et de leur incompétence, faute d’avoir été elles-mêmes éduquées à élever correctement leurs enfants. Reprenant un concept ancien dans la pensée catholique, la nécessité d’éduquer les femmes chrétiennement afin de favoriser l’éclosion de foyers chrétiens et l’apparition de générations chrétiennes aptes à rendre la société au Christ, Rosa ose l’extrapoler aux femmes du peuple, laissées à l’abandon. Très vite, elle constate que ces femmes, presque toutes analphabètes, sont d’une ignorance absolue, qu’il s’agisse de la foi ou de la morale chrétienne. N’ayant aucun repère, elles ne distinguent pas le bien du mal, se prostituent ou multiplient les liaisons hors mariage, préfèrent voler ou mendier que travailler pour gagner leur vie. Elles inculquent les mêmes comportements à leurs enfants, de sorte que la société est gangrenée par ces mauvaises mœurs, que Rosa attribue à l’ignorance profonde de ces malheureuses, et non au vice.

Ainsi naît l’œuvre des Pieuses Maîtresses Venerini, vouée à l’éducation des filles pauvres, et qui prend pour ligne de conduite la belle devise « éduquer pour libérer » et pour programme « parler avec Dieu, de Dieu, pour Dieu ».

Après des débuts difficiles, Rosa parvient à désarmer la méfiance du clergé de Viterbe, dont elle se fait un allié. Dès lors, entre 1691 et 1694, les fondations d’écoles se multiplient, d’abord dans le diocèse de Viterbe, puis à Montefiascone et dans la région de Bolsena, enfin dans le Latium et à Rome. En dépit d’un premier échec retentissant qui manque la discréditer, Rosa rouvre une école dans la Ville en 1716. Cette fois, le succès est au rendez-vous, au point que le pape Clément XI vient en personne, accompagné de nombreux cardinaux, assister à une leçon de la signorina Venerini et juger par lui-même de ses méthodes éducatives. À la fin du cours, le souverain pontife s’écrie, enthousiaste : « Madame Rosa, vous avez fait ce que nous n’arrivions pas à faire ! Avec vos écoles, vous sanctifierez Rome ! »

Spécialiste de l’histoire de l’Église, postulateur d’une cause de béatification, journaliste pour de nombreux médias catholiques, Anne Bernet est l’auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.


Aller plus loin :

Girolamo Andreucci, Ragguaglio della vita della serva di Dio Rosa Venerini, 1732.


En savoir plus :

  • Roberto Angeli, Rosa Venerini, una guida per la gioventù, Stella del Mare,1937.
  • Collectif, La beata Rosa Venerini, 1937.
  • Rita Pomponio,Rosa Venerini, maestra di vita, San Paolo Edizioni,1952.
  • L’on peut aussi se référer aux informations en français et en anglais du site du Vatican.
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