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TOUTES LES RAISONS DE CROIRE
Stigmates
n°288

Couvent de San Giovanni Rotondo (Italie)

1918-1968

Saint Padre Pio, « crucifié d’amour »

Padre Pio, religieux capucin originaire de la région des Pouilles, au sud de l’Italie, porte les plaies de la Passion à partir de 1918. Il reçoit les stigmates de Jésus Crucifié, qui lui apparaît et l’invite à s’unir à sa Passion et à participer au salut des pécheurs. Ces plaies restent visibles jusqu’au jour de sa mort, un demi-siècle plus tard en 1968. Très différentes des blessures naturelles quant à leur évolution clinique, elles font souffrir le saint, mais ne sont jamais un obstacle pour son ministère sacerdotal.

Padre Pio portant les stigmates, photo prise dans les années 1940. / © Jornal O Bom Católico, Public domain, via Wikimedia Commons.
Padre Pio portant les stigmates, photo prise dans les années 1940. / © Jornal O Bom Católico, Public domain, via Wikimedia Commons.

Les raisons d'y croire :

  • Le mode d’apparition des plaies, aux mains, aux pieds, à la tête (couronne d’épines), au côté (le coup de lance), et sur l’épaule droite, défie toute rationalité scientifique : elles surgissent toutes ensemble « en une fraction de seconde », écartant l’idée d’une provenance naturelle, d’un effet de la « suggestion » du religieux ou d’un symptôme psychiatrique.

  • À partir de 1919, les stigmates du Padre Pio ont fait l’objet de multiples analyses médicales, menées par une demi-douzaine de médecins parfaitement qualifiés (les docteurs Amico Bignani, Giorgio Festa, Luigi Romanelli, Alberto Caserta, Agostino Gemelli…). À l’exception d’un seul, ils estiment tous que l’origine des plaies n’est pas liée à un traumatisme externe (naturel ou volontaire) et qu’elles n’obéissent pas au processus évolutif des blessures épidermiques naturelles.
  • Le docteur Romanelli a examiné Padre Pio à cinq reprises, au total, en 1919 et 1920 : il observe une constance parfaite du phénomène d’une fois à l’autre. Les stigmates ne peuvent avoir une origine naturelle car, contrairement aux blessures épidermiques habituelles, ils s’ouvrent et se referment sans aucune intervention humaine ; de plus, ils ne s’infectent ni ne suppurent.
  • En 1920 et 1925, le docteur Festa rencontre le Padre Pio à plusieurs reprises à San Giovanni Rotondo. Il opère aussi le saint deux fois (d’une hernie inguinale en 1925, puis d’un kyste en 1927). En 1938, il publie le résultat de ses analyses sur les plaies, résumé ainsi : « Mystère pour la science. »

  • Nul n’aurait pu causer, cacher et entretenir secrètement de si profondes blessures pendant un demi-siècle ! D’autant que le saint est très entouré : on estime à vingt millions le nombre de personnes qui prirent part à ses messes et à cinq millions ceux qui se confessèrent à lui. Il paraît impossible de maintenir une supercherie de cette ampleur, si longtemps et devant tant de témoins.
  • Enappliquant son pouce dans la paume du saint, et son index sur le dos de la main, on s’aperçoit qu’un « vide » existe bel et bien, révélant ainsi la profondeur de la blessure qui, si elle avait été causée volontairement, aurait provoqué des troubles physiologiques et infectieux graves, ce dont le saint n’a jamais souffert.
  • Les plaies aux mains, aux pieds et au côté sont sanglantes chaque jour, pendant un demi-siècle – phénomène inexplicable en l’état des connaissances. De plus, de la seule plaie du côté s’écoule chaque jour la valeur d’un verre de sang artériel, soit une quantité anormalement élevée pour une plaie naturelle.
  • On a identifié le groupe sanguin s’écoulant des blessures : AB, catégorie rare, identique à celle découverte sur le Linceul de Turin et dans les espèces eucharistiques miraculeuses de Lanciano.
  • Il n’existait aucun intérêt (psychologique ou matériel) pour le jeune religieux qu’il était en 1918 d’inventer une telle histoire ; au contraire, ce fut le début d’une longue suite de difficultés et de persécutions pour lui et son entourage, jusqu’en 1964 ! Padre Pio ne fait d’ailleurs aucun cas de ces manifestations et continue d’exercer son ministère dans une humilité permanente.
  • La thèse qui présente Padre Pio comme un faux mystique hystérique qui se serait automutilé ne tient pas. Toute l’existence de Padre Pio plaide en la faveur de son équilibre psychologique : parfaite adaptation à son milieu de vie, obéissance à ses supérieurs et aux évêques, bon sens, charité exceptionnelle, excellent administrateur et gestionnaire de l’hôpital qu’il fonde, etc.
  • Maints témoignages recueillis tout au long de la vie du saint montrent une extrême prudence à l’égard des phénomènes inexpliqués. Il n’existe aucune trace (orale, enregistrée, ou même de témoignage d’un tiers) susceptible d’accréditer un penchant quelconque pour le merveilleux ou la mythomanie chez cet homme, jusqu’à sa mort en 1968.
  • Sur le plan théologique, les stigmates du Padre Pio révèlent à merveille la spiritualité du saint : porter la croix avec Jésus, dans la prière, la solitude et la régularité du cloître, et participer à sa Passion sur un mode exceptionnel. Il se voyait lui-même comme un « humble frère qui prie », et pas autre chose.

  • La manière dont le saint décrit l’éclosion des stigmates en 1918 (vision d’un être angélique, puis du Christ) est infiniment proche des récits collectés sur ce phénomène depuis le XIIIe siècle, toutes sensibilités religieuses confondues (prêtres, moines, ermites, béguines).
  • Il n’a pu inventer un tel récit. Il distingue « surnaturel » (invisible) et « extraordinaire » (sensible), et voit dans les plaies non un trouble somatique mais un signe visible d’une « grâce » invisible. Ce récit est théologal et ecclésial, mené dans une perspective de foi et corrélé aux souffrances de Jésus. Aurait-il imité un ou une autre stigmatisé ? Thérèse d’Avila, par exemple ? Non ! Son bagage livresque est limité et cela n’aurait pas permis de tromper le monde pendant cinquante ans, à commencer par son entourage de religieux contemplatifs.
  • Les blessures ont disparu de manière inattendue quelques instants seulement après son décès, sans aucune intervention humaine d’aucune sorte. Aucune explication physiologique, dermatologique, neurologique ou psychiatrique n’a jamaispu expliquer l’origine et le terme de cette stigmatisation.
  • Le Padre Pio est honoré par l’Église jusque dans ses plus hautes instances depuis le pontificat de saint Paul VI – pape qui a défendu ouvertement le saint en levant toutes les sanctions prises précédemment. Il est béatifié le 2 mai 1999 et canonisé le 16 juin 2002.
  • Depuis sa mort, en 1968, jamais aucune voix ne s’est élevée, tant dans l’Église que dans les milieux scientifiques, à l’encontre de l’authenticité des plaies, et personne – ni historien ni psychiatre – n’a identifié de comportement frauduleux chez le Padre Pio.
  • Les stigmates qu’il porte ne sont pas le seul événement surnaturel de la vie de Padre Pio. L’existence du saint est jalonnée de faits prodigieux qui ont tous été consignés par des milliers de témoins dignes de foi : extases, lecture des âmes, bilocations, prophéties, don de guérison, parfums extraordinaires, attaques diaboliques, incorruption du corps depuis 1968, etc. Le 20 mars 1983 marque l’ouverture de l’enquête préliminaire au procès de béatification. Sept ans plus tard, l’Église a authentifié soixante-treize miracles, groupés en cent quatre volumes dactylographiés.

Synthèse :

Né en 1887 à Pietrelcina, dans le sud de l’Italie, Francesco Forgione s’oriente dès l’adolescence vers la vie religieuse. En 1903, il entre au noviciat chez les capucins de Morcone et prononce ses vœux temporaires l’année suivante, puis, le 27 janvier 1907, ses vœux solennels. Le 10 août 1910, il est ordonné prêtre et commence à ressentir des douleurs aux mains et aux pieds, mais aucune blessure n’est encore apparue à cette date.

Le jeune prêtre commence à vivre de nombreux phénomènes extraordinaires : lectures d’âmes, visions, bilocations, etc. Il devient en peu de temps un confesseur très recherché. Les fidèles accourent par milliers au couvent de San Giovanni Rotondo. Lui ne fait aucun cas de ces manifestations et continue d’exercer son ministère dans une humilité permanente.

Le 5 août 1918, il reçoit une première « blessure d’amour », un « trait de feu » : il voit un « personnage céleste » tenant dans ses mains une « longue lame de fer avec une pointe », de laquelle sort « commedu feu ». Le père est touché de plein fouet par cette pointe brûlante et il en ressent les effets physiques, mais aussi moraux, très intenses. C’est la « transverbération », phénomène connu au moins depuis sainte Thérèse d’Avila. Son récit n’est pas métaphorique, et encore moins allégorique : c’est celui d’un fait tangible dont l’aspect matériel ne doit pas faire oublier le sens authentique. Il s’agit d’une participation exceptionnelle aux souffrances de Jésus crucifié.

Le 20 septembre suivant, vers dix heures du matin, il tombe en extase et voit un « mystérieux personnage » saignant des mains, des pieds et du côté. Celui-ci disparaît au bout de quelques secondes. C’est alors que le saint, revenant à lui, s’aperçoit que ses mains, ses pieds et son côté sont « percés » et « saignent abondamment ».

Il découvrira plus tard que son épaule porte la marque de la croix de Jésus. La plaie occasionnée par la couronne d’épines saignera presque quotidiennement pendant cinquante ans, à chaque messe que le père célèbre. Les plaies des mains sont localisées au niveau du troisième métacarpe. Elles ont un diamètre d’environ deux centimètres et, comme celles des pieds, sont profondes, puisque l’épiderme est transpercé de part en part. Celle du côté (cf. Jn 19,34) est constituée d’une double entaille formant une sorte de croix dans la région gauche du thorax : l’une mesure sept centimètres et l’autre (de la cinquième à la neuvième côte), perpendiculaire à cette première, environ trois centimètres et demi.

Les autorités ecclésiastiques, à commencer par les supérieurs des Capucins, diligentent des visites médicales. Une bonne demi-douzaine de praticiens se succèdent au chevet du père entre 1919 et 1920. À l’exception du docteur Alfredo Gemelli, la plupart d’entre eux estiment que l’origine des plaies n’est pas liée à un traumatisme externe (automutilation) et qu’elles n’obéissent pas au processus évolutif des blessures épidermiques naturelles.

Le docteur Luigi Romanelli, par exemple, se rend à cinq reprises au couvent de San Giovanni Rotondo. Il déclare : « Dans les zones palmaires des deux mains […], on note une pigmentation de la peau de couleur rouge vin sur une superficie de la grandeur d’une pièce de bronze de cinquante centimes pour la main droite et de deux centimes pour la gauche. Le pourtour est légèrement enflé. La forme est presque circulaire. La taille de ces orifices aurait pu être provoquée par un clou ayant servi à la crucifixion puisque l’enclouage était la pratique la plus répandue à cette époque » (cf. Pierre Barbet, La Passion de Jésus-Christ selon le chirurgien, 14e édition, Paris, Mediaspaul, 2003, p. 72-74).

Les stigmates du Padre Pio sont dits « imitatifs », en ce sens qu’ils imitent la plupart des représentations artistiques des plaies de Jésus en croix. Seul l’emplacement authentique change : Jésus a été crucifié dans les carpes et non dans la paume des mains, comme l’illustre la tradition iconographique latine, car, dans le cas contraire, la masse de son corps aurait entraîné une déchirure rapide des chairs.

Jamais ces blessures profondes et très douloureuses n’ont pourtant freiné le saint dans l’exercice de son ministère. Il célèbre la messe chaque matin, confesse jusqu’à douze heures par jour (on est obligé d’attribuer un numéro à chaque pénitent faisant la queue au confessionnal !), réussit à construire un hôpital performant, tout en menant une vie spirituelle exceptionnelle à tous points de vue, sur fond de persécutions sciemment orchestrées contre lui, sa « popularité » étant jugée trop grande aux yeux de certains. Interdiction de célébrer la messe en public, ouverture du courrier, installation de micros dans son confessionnal : tout y passe ! Jamais une seule fois le père ne s’est révolté ou simplement opposé à ces directives. Il a tout supporté comme autant de grâces envoyées par le Ciel.

Le 14 octobre 1954, le docteur Alberto Caserta, de Foggia, prit plusieurs radiographies du corps du capucin. L’examen, « exécuté en projection dorsopalmaire, tant des mains que des pieds, ne révéla aucune interruption osseuse », ce qui contredit définitivement l’hypothèse d’une automutilation.

En 2007,l’historien italien Sergio Luzzatto croit fournir la preuve de la tromperie volontaire du saint. Il aurait découvert dans les archives du Vatican un document de 1919, provenant d’une pharmacie des Pouilles, expliquant que le Padre Pio lui aurait commandé dans « le plus grand secret » quatre grammes d’acide carbolique pour désinfecter les seringues servant à vacciner les religieux contre la grippe espagnole. Cet argument est vide de sens ! Ce produit chimique, appelé aussi acide hydroxybenzène, est hautement corrosif. Une solution aqueuse à 1 % provoque chez l’homme de fortes irritations. À plus haute dose, le produit entraîne la mort. Les nazis assassinèrent maints prisonniers par piqûre d’hydroxybenzène. Dans ces conditions, on conçoit mal pour quelle raison (et comment) le Padre Pio se serait automutilé avec une telle substance ?

Si certains de ses frères ne l’aiment pas, il est admiré en revanche de beaucoup de gens, du bas en haut de la société, à commencer par le pape Benoît XV, puis par saint Paul VI et saint Jean-Paul II. En 1948, un jeune séminariste polonais, étudiant à Rome, lui rend visite pour la première fois. Avant qu’il ait le temps d’ouvrir la bouche, le saint lui lance : « Tu seras pape un jour ! » Ce jeune homme s’appelait Karol Wojtyla.

Il vit ses derniers tracas humains en 1960, alors que sa renommée est mondiale, sans qu’il soit jamais sorti de son couvent. Cette année-là, le Saint-Office limite ses sorties publiques. Il jouit d’une popularité qui trouble même l’ordre public à San Giovanni Rotondo ! Mais cette mesure vexatoire est levée par Paul VI en 1964. Il redouble dès lors de zèle pastoral. Le 2 septembre 1968, exténué, le Padre Pio est rappelé auprès du Père céleste. L’examen de son corps, juste après sa mort, montre que les stigmates ont disparu mystérieusement, y compris toutes les cicatrices !

Béatifié en 1999, il est élevé sur les autels le 16 juin 2002, en présence d’une foule estimée à 150 000 personnes. Le 3 mars 2008, à l’occasion du quarantième anniversaire de son décès, on exhume le corps du saint : celui-ci est découvert en excellent état de conservation.

Patrick Sbalchiero


Au-delà des raisons d'y croire :

À côté des stigmates et de tant de faits extraordinaires, documentés, recoupés, attestés, la sainteté du Padre Pio se mesure fondamentalement par l’ampleur de sa charité. Il se donne à Dieu en se donnant aux autres, en confessant toute la journée, pendant un demi-siècle, en répondant aux courriers, et d’abord en priant pour tous ceux et celles qui s’adressent à lui.

Sa charité est avérée, malgré des rumeurs circulant au sujet des sommes importantes qui passaient entre ses mains… Mais il a consacré l’intégralité des dons des gens à l’établissement de la Casa Sollievo della Sofferenza, hôpital équipé de matériel médical de haute technologie comme le sud de l’Italie n’en connaissait pas dans les années cinquante.


Aller plus loin :

Patrick Sbalchiero, Petite vie de Padre Pio, Paris, Desclée de Brouwer, 2003.


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